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02/11/2019
Acclamé par la critique (il a remporté le Lion d'or 2019 Venise), plébiscité par les spectateurs et succès au box-office, ce Joker semble avoir mis tout le monde d'accord.
J'ai mis du temps à le voir, non par désintérêt puisque j'ai dû voir tous les films de Batman et une bonne dose de dessins animés dans mon enfance, mais j'avais une certaine méfiance face à ce film présenté par certains médias comme un parfait reflet de notre société dans lequel les gilets jaunes pourraient se retrouver ... même si certains trouvaient que le film était trop violent (ou en tout cas qu'il était trop conciliant avec ce genre d'attitude).
Le programme était alléchant mais le film avait tous les atours du piège à spectateur : connecté à l'univers des super héros, le Joker est un des premiers "méchants" à avoir son film ; traité par un réalisateur plus habitué aux films indépendants et donc plus souvent en phase avec les critiques professionnelles ; la promesse d'une performance XXL de Joachim Phoenix dans le rôle du personnage principal permettait de continuer à ratisser large, le bonhomme ayant ses fans.
Bref, tous les feux étaient au vert pour que le bouche-à-oreille prenne et les 4 millions de spectateurs en France montrent que cela a fonctionné mais je ne ferais pas partie des convaincus bien que je trouve la manière de rattacher l'histoire du Joker à celle de Batman ultra bien trouvée (mais très mal menée).
Il y avait de bonnes idées mais la manière de les appliquer m'a laissé complètement en dehors du film à cause d'un personnage : celui du Joker ! Tout le film montre une personne qui ne se contrôle pas, qui subit les choses et qui s'excuse presque de les faire. Le film donne une "belle" justification en remontant à l'enfance du Joker et lui enlève toute responsabilité dans les divers évènements.
C'est d'ailleurs l'un des mantras du film : c'est le destin qui nous façonne (et comme je n'adhère pas vraiment à cette théorie dans la vie, j'ai du mal à faire de même sur grand écran). Mais pourquoi tout le monde en veut à ce pauvre gars ? Que ce soit les passants qui l'insulte, les gamins qui lui pique sa pancarte, les trois gars dans le métro, le présentateur du show TV ? Le film pourrait laisser penser que les gens ont besoin d'écraser les plus faibles qu'eux pour exister mais dans ce cas-là il aurait fallu plus de nuance.
Les hommes du film sont séparés en deux catégories : d'un coté ceux qui ont "réussi" et de l'autre les clowns... mais qui croit encore à cela ? Le mystère autour de la mère du Joker aurait pu mener bien plus loin, l'histoire d'amour secrète avec la voisine idem, mais là encore dès qu'il y a un doute, Todd Phillips et ses scénaristes semblent flipper et sortent directement la lampe torche qu'ils braquent sur la moindre zone d'indécision pour éviter de laisser le spectateur interpréter ce qu'il voit.
Quand le Joker termine les bras en croix sur le capot d'une voiture, la coupe est pleine ! Qu'est-ce qui a pu tant plaire aux critiques et aux spectateurs dans ce film boursouflé et parasité par la performance même de Joachim Phoenix qui prend son pied à se montrer torse nu pour qu'on se dise "ouaouh, c'est un acteur qui prend son rôle a coeur, il a perdu 30 kilos et on voit ses cotes en gros plans". Eh oui, là encore, aucune subtilité...
Bref, si l'écriture de la première partie n'avait pas été aussi fine, le film serait reparti avec un 0 pointé et des chances d'être sur le podium de fin de classement dans deux mois. Là il aura un @ pour sauver cela mais sinon, tout est à jeter !
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